ENS des Mémoires
Espace Naturel Sensible "Les Mémoires"
Le Conseil Départemental de l’Isère a élaboré et mis en œuvre, depuis 1999, une politique en faveur des Espaces Naturels Sensibles.
Un réseau de sites, présentant une grande qualité, par leur richesse écologique, leur représentativité de milieux fragiles ou menacés, est labellisé. L’assemblée départementale a décidé de préserver ces espaces naturels. Pour cela il est nécessaire qu’une gestion exemplaire soit mise en place sur chacun d’eux. Aussi, il sera appliqué sur chaque « Espace Naturel Sensible » un plan de gestion élaboré suivant la méthodologie des Réserves Naturelles et adapté au contexte des Espaces Naturels Sensibles.
Suite au diagnostic réalisé par l’Association Lo Parvi en mai 2013, le site de la dune sableuse des Mémoires a été inscrite au réseau des Espaces Naturels Sensibles du département en tant que « Petit Site Naturel » PSN023. L’extraction de sable sur la dune sableuse, dans les années 1980 à 1990, a généré une falaise sableuse qui a permis l’installation d’une belle colonie de guêpier d’Europe. Sur les secteurs non soumis à l’exploitation, on peut observer une pelouse sur sable présentant un faciès typique avec un cortège floristique patrimonial. Le site a attiré l’attention des naturalistes et de la commune qui ont souhaité le valoriser et en assurer la conservation. Le rachat par la Mairie de 3 parcelles a permis de labelliser le site en février 2014.
Le site est identifié sur la carte IGN sous le nom « Ampro » mais il est connu par les habitants sous le nom « Les Mémoires ».
Les pelouses sèches sableuses sont des milieux arides et très pauvres. Les sables sont des milieux caractérisés par leur instabilité et leur mobilité. En outre, ils sont capables de se gorger rapidement d’une grande quantité d’eau mais de la perdre tout aussi vite. Seules des plantes très résistantes et spécialisées peuvent coloniser ces biotopes. Ces spécificités s’accompagnent d’une diversité faunistique importante. Les pelouses sèches sont le refuge d’espèces méridionales et abritent 30% des plantes françaises dont 26% d’espèces protégées à l’échelon national et 28% figurant sur la liste rouge nationale (ENF, 2000). Elles sont identifiées en tant qu’habitats communautaires, retenus prioritaires de par la présence de nombreuses orchidées, dans le cadre de la Directive européenne Habitats. Les pelouses sableuses de la carrière des Mémoires sont identifiées comme « site prioritaire devant faire l’objet de mesures de conservation spécifiques ».
Sur le site, les pelouses sèches montrent différents faciès riches en espèces végétales patrimoniales. Leur état de conservation, bien que globalement satisfaisant, nécessite la mise en place d’une gestion conservatoire. Elles sont victimes de la dynamique végétale naturelle qui entraîne leur fermeture progressive mais aussi de la colonisation par des espèces végétales exotiques envahissantes : solidage et robinier. Ces facteurs appauvrissent le milieu et lui font perdre son originalité. L’enjeu de conservation de ces milieux est très important.
L’ENS abrite également des milieux humides présentant un enjeu de conservation au sein de l’ENS. Tous sont considérés comme « vulnérables » dans le livre rouge des habitats de l’Isère du CBNA ( Conservatoire Botanique National Alpin), bien qu’absents de la Directive européenne Habitats. L’ensemble constitué par la mare, la roselière et le bas-marais est menacé par le développement des fourrés de saules et de peupliers et du solidage. Une gestion conservatoire est nécessaire sur ces milieux.
Description des peuplements :
212 espèces végétales et 102 espèces animales ont été recensées sur la zone d’observation.
L’avifaune
56 espèces d’oiseaux ont été contactées sur ou à proximité directe de l’ENS. Le cortège présent décrit des milieux voisés : geai des chênes, mésange charbonnière, pic vert, sittelle torchepot, troglodyte mignon…mais également des milieux ouverts à bosquets : alouette lulu, tarier pâtre, hypolaïs polyglottte, fauvette grisette, pie-grièche écorcheur, etc... .
Sur 56 espèces d’oiseaux fréquentant la zone, 46 possèdent un statut de protection, pour 5 espèces parmi ces 46, le site revêt une importance particulière :
Le guêpier d’Europe se nourrit essentiellement d’hyménoptères (frelons, guêpes, abeilles) mais peut également consommer des odonates (demoiselles et libellules) ou des orthoptères (sauterelles, criquets et grillons). Cette espèce niche dans des falaises de sable où il creuse son nid. Migrateur il revient d’Afrique au mois de mai et repart dès le mois d’Août. Le guêpier d’Europe niche sur le site depuis la fin de l’exploitation de la carrière de sable depuis 1984 environ. C’est l’espèce la plus emblématique du site.
L’alouette des champs vit dans les campagnes ouvertes, les zones cultivées, les marais les prairies et les dunes. C’est une espèce qui vit au sol où elle cherche sa nourriture (vers de terre, larves, insectes, graines, …) et établit son nid dans une dépression peu profonde. Elle a été entendue à plusieurs reprises sur le site en 2015.
L’alouette lulu, espèce inscrite à la Directive Oiseaux et considérée comme « vulnérable » en ce qui concerne sa nidification en Rhône-Alpes. Elle se nourrit principalement d’araignées et d’insectes pendant la période de reproduction puis de graines l’hiver. Elle a été observée en vol au-dessus du site à plusieurs reprises en 2015.
La pie grièche écorcheur tire son nom de son mode particulier de nourrissage : il fait provision d’insectes qu’il empale sur des épines appelées « lardoirs ». Le paysage de l’ENS est tout à fait adapté à cette espèce inscrite à la Directive Oiseaux et considérée en déclin au niveau européen. Elle a été observée à plusieurs reprise sur le site en 2015.
Le tarier pâtre se nourrit surtout d’insectes : coléoptères, mouches, fourmis, chenilles, papillons diurnes et nocturnes mais aussi d’autres invertébrés dont des vers et des araignées. L’espèce a été observée en activité de nourrissage en 2015.
Les mammifères :
Huit espèces de mammifères fréquentent le site : le lièvre, le renard sont relativement présents, la belette est citée sur le site en 1988 mais n’a pas été revue depuis tandis que la dernière observation du blaireau à 2006 et celle du lapin de garenne à 2003. Un nid de rat des moissons a été observé dans la roselière de la mare.
Les reptiles :
Trois espèces ont été identifiées sur le site : le lézard des murailles, le lézard vert et la vipère aspic. Toutes sont des espèces des milieux secs, les milieux les plus représentés sur l’ENS. Le lézard vert est particulièrement abondant sur le secteur. La vipère aspic n’a pas été revue depuis 2003 mais est très probablement encore présente.
Les amphibiens :
Quatre espèces sont citées sur l’ENS :
La rainette verte et le crapaud commun, signalés en 1988 sur le site mais qui n’ont pas été observés en 2015.
La grenouille agile et la grenouille rousse se reproduisent dans la mare.
La grenouille rousse, en régression dans le centre ouest et le sud-est de la France. Cette raréfaction est très visible dans le district de l’Isle Crémieu où l’espèce a presque totalement disparu. Sur le site on peut observer une population qui se reproduit dans la mare où elle cohabite avec la grenouille agile.
La grenouille agile, l’espèce a été observée en reproduction au sein de la mare au cours du printemps 2015.
La flore patrimoniale :
Treize espèces végétales poussant sur le site possèdent un statut patrimonial dont sept présentent un intérêt de conservation :
L’orcanette des sables est bien présente sur les pelouses sur sable du site de l’ancienne carrière mais aussi sur la partie sableuse à l’ouest du site. L’espèce inféodée aux substrats sableux est rare en Isle Crémieu. Elle fait l’objet d’un programme de réintroduction mené par le CBNA en Isère.
La pulsatille rouge est une espèce caractéristique des pelouses sèches de l’Isle Crémieu où elle est commune. Quelques pieds poussent sur le site.
La céphalanthère à feuilles étroites est une orchidée de sols calcaires qui affectionnent les lisières thermophiles ou les forêts claires. Sur le site on la retrouve en bordure de la chênaie-charmaie en zone centrale de l’ENS. L’espèce est assez rare dans le district biogéographique de l’Isle Crémieu.
`Le céphalanthère rouge a été observé pour la dernière fois en 2003. Cette espèce se développe dans les sous-bois herbacés, elle est assez rare en Isle Crémieu.
L’hélianthème à feuilles de saule se rencontre sur les pelouses arides calcaires. Elle a été observée sur le site en 2006 mais pas en 2015. L’espèce est considérée comme rare en Isle Crémieu.
La néottie nid d’oiseau est une orchidée dépourvue de chlorophylle qui s’associe avec un champignon et vit en symbiose avec les racines d’un feuillu. Elle s’épanouit dans les forêts ombragées. De nombreux pieds sont présents dans la chênaie-charmaie de la zone centrale de l’ENS. Elle est considérée comme assez rare en Isle Crémieu.
L’hélianthème tâché est une espèce de pelouses sèches xérophiles et acidophiles assez rare en Isle Crémieu. La dernière mention de l’espèce sur le site date de 2009.